Voyage d’Étude au Japon

Propos recueillis auprès d’Isabelle Lesage, directrice du CHU de Rouen

Rédaction A.H. : Quelles étaient vos attentes concernant ce déplacement au Japon ?

Isabelle Lesage : Mon idée du Japon était celle d’un pays particulièrement aguerri en matière de construction et d’architecture, et que cette civilisation, réputée pour son art de vivre et son attention aux détails, concevait des hôpitaux intéressants. Par ailleurs, les japonais ont une grande mobilité pour rechercher l’efficience dans tous les domaines. Pour ces deux raisons le voyage d’étude au Japon proposé par Architecture Hospitalière promettait d’être fort intéressant et je n’ai pas été déçue.

Rédaction A.H. : Quelles ont été vos principales observations lors de ce voyage d’étude ?

I. L. : Nous avons visité des hôpitaux de grande qualité, avec une conception toujours lisible, claire, élégante et recherchant la performance. Ces établissements de taille moyenne (de 300 à 600 lits), sont très compacts. Sans disposer d’étude précise sur les moyens, il semble que les budgets d’investissement et d’exploitation soient assez proches des budgets français, mais la répartition des espaces et des emplois est différente : moins de personnels dans les unités de soins, davantage pour l’accueil, aussi bien dans les halls ou en consultation.

Cette importance donnée aux emplois d’accueil et d’aide à l’orientation se retrouve d’ailleurs assez généralement au Japon avec de nombreux petits emplois permettant ainsi de maintenir le chômage à un niveau très faible, inférieur à 3 %. La reconnaissance du travail et la fierté des personnes qui exercent les différents métiers au sein des établissements de santé visités, étaient tout à fait saisissantes. Les espaces collectifs sont traités avec beaucoup de soin : ce sont de véritables lieux de vie, qu’il s’agisse des halls, des circulations, des paliers et des salons. Globalement, ces espaces collectifs représentent une surface plus importante que dans nos hôpitaux français.

En revanche nous avons pu constater la place limitée accordée aux espaces tertiaires. Les postes de soins sont partagés au coeur des unités par toutes les professions, alors que les espaces de bureaux médicaux collectifs peuvent être regroupés au dernier étage d’un établissement. Dans l’un des hôpitaux visités, 140 médecins se partageaient l’un de ces espaces ! Si ce « club médical » favorise les discussions interdisciplinaires, cette promiscuité collective ne correspond pas du tout aux normes attendues par les professionnels médicaux de nos hôpitaux. Les chambres à 4 lits, modernes, spacieuses, avec un mobilier séparant les espaces de vie de chacun à mi-hauteur, sont fréquentes, de l’ordre de 50 % des capacités dans les hôpitaux les plus modernes.

La signalétique est également remarquable. Le système de repérage et d’aide à l’orientation est simple, efficace, très lisible et esthétique. Les concepteurs se sont imprégnés de la vision et la perception que peuvent avoir les patients. La clarté des circulations est aussi à relever : l’orientation des patients vers les circulations est simple, lisible, « intuitive ». Les flux logistiques utilisent des couloirs séparés de ceux empruntés par le public. Ainsi, les patients et leurs proches ne croisent jamais d’encombrants chariots, les couloirs dédiés au public étant plutôt traités comme des salons d’attente.

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