Même si, depuis son origine, l’ingénierie biomédicale se focalise sur le dispositif médical, l’interface avec son environnement est de plus en plus forte. La mise en place et l’utilisation d’un équipement biomédical nécessitent une adaptation importante de l’organisation et de l’environnement technique associé. De ce fait, la construction hospitalière doit prendre en compte cette évolution et intégrer ces nouvelles données.
La configuration du plateau technique est en pleine mutation et nous pouvons constater que les enjeux de son évolution sont associés à plusieurs facteurs : des facteurs médicaux (modification de la prise en charge médicale, des organisations médicales et paramédicales, du process de prise en charge du patient, traitement personnalisé améliorant la santé et la qualité de vie du patient, intégration de nouvelles techniques) ; des facteurs sociétaux (modification des modèles économiques, évaluation et adaptation de modèles économiques, mutualisation de moyens techniques, humains, complémentarité de différentes structures aussi bien publiques que privées) ; des facteurs techniques (des plateaux techniques adaptés en fonction des spécificités des établissements, des plateaux techniques spécifiques et spécialisés pour les centres recours ciblés (neurovasculaire, cardiologie, oncologie), modification des techniques médicales (guidage et contrôle du geste par l’image, sécurisation et précision du geste, modification des techniques d’investigation, d’exploration, de surveillance, de traitement), intégration de techniques dans le plateau existant.
Ces évolutions entrainent un changement de paradigme dans la conception du plateau technique de demain. La conception hospitalière doit non seulement prêter attention à l’évolution sociétale (chirurgie ambulatoire, soins de suite, etc.) mais aussi à l’évolution de son plateau technique qui est le centre de gravité de la structure de soins. Le plateau de demain doit être conçu pour permettre le travail d’équipes multidisciplinaires et optimiser des flux autour des grandes pathologies (cardiologie, neurologie, oncologie, etc.) mais aussi pour prendre en compte l’augmentation des équipements biomédicaux et leurs contraintes associées. Si nous prenons en compte l’évolution permanente des techniques biomédicales et donc des prises en charge médicale, la conception hospitalière doit être réfléchie pour pouvoir offrir une évolution fonctionnelle et technique tout en gardant une maitrise économique et financière indispensable dans le contexte actuel. Le défi n’est pas simple mais il peut être relevé en associant et coordonnant des équipes pluridisciplinaires composées d’experts techniques (architectes, ingénieurs travaux, biomédicaux, informatiques) et médicaux ainsi que de consultants.
Aujourd’hui, tout projet hospitalier doit être envisagé dans une démarche projet d’équipes multidisciplinaires. La réussite de la conduite de projet passe par une collaboration étroite entre tous les acteurs concernés, une collaboration basée sur une explication et une compréhension des responsabilités et des techniques de chacun mais aussi des contraintes et des exigences, comprenant la priorité de prise de décision selon les axes stratégiques du projet et identifiant le ou les centres de gravité de ce dernier.
Le magazine « Architecture Hospitalière » a souhaité nous offrir cet édito et nous l’en remercions. Cette démarche illustre l’importance de la connaissance, de la compréhension, du partage, de la diffusion et de la collaboration entre les différents acteurs concernés par la conception des hôpitaux de demain.
Au nom de l’AFIB, je souhaite succès et longue vie à « Architecture Hospitalière » en espérant que la collaboration avec l’AFIB sera fructueuse.
Geneviève Gaschard-Wahart
Présidente de l’AFIB