L’architecture hospitalière
Si la conception hospitalière se doit de définir dans le détail la structure des départements, l’articulation des activités et des volumes qui les abritent, ainsi que les équipements dont doivent disposer ces locaux, il ne faut pas perdre de vue qu’elle se situe aussi au niveau des concepts en ce qui concerne l’organisation d’ensemble de l’établissement. Ces concepts subissent des changements lents et discontinus, éventuellement décalés dans le temps par rapport aux évolutions thérapeutiques.Toute nouvelle forme est générée par ce qui a existé avant et par le niveau de connaissance atteint au moment de sa conception. Les solutions précédentes mises en œuvre ne sont cependant pas forcément reconductibles, même si les situations paraissent à première vue voisines. Un véritable travail de recherche est donc nécessaire pour progresser et contribuer à l’évolution de la conception des hôpitaux.
Deux points, parmi bien d’autres, méritent une attention particulière : – l’hôpital dans son environnement urbain,
– l’adaptabilité, la flexibilité, l’évolutivité du bâti.
La centralité urbaine de l’hôpital
De par sa taille et a fortiori s’il est situé dans un environnement bâti, l’hôpital constitue un élément fort dans la signification urbaine. Il est l’un des plus grands bâtiments de la ville par son volume construit, son emprise au sol et l’effectif de son personnel. Pour des raisons d’accès et de desserte périphérique aux bâtiments qui sont devenus très techniques et généralement compacts pour assurer les meilleures liaisons internes, l’hôpital occupe le cœur d’un terrain, ce qui ne permet pas la mitoyenneté, ni la continuité avec le tissu urbain ou les fronts de rues existants autour. Le bâtiment s’isole dans son enclos, créant une césure à la fois physique, formelle et psychologique avec l’environnement.
Or l’enjeu majeur est l’ouverture de l’hôpital, de plus en plus centre ambulatoire organisé autour d’un plateau technique suffisamment complexe pour nécessiter une compacité architecturale.
L’orientation vers l’ambulatoire, la prise en charge itérative de patients valides mais chroniques, justifient de surcroît un maillage fort avec les transports urbains.
Les maîtres d’œuvre et concepteurs du 21ème siècle auront ainsi à résoudre la question majeure de la centralité urbaine de l’hôpital.
« Le bâti évolue ou meurt »
L’adaptabilité est la réponse que peut apporter le bâti aux changements fonctionnels prévisibles et parfois imprévisibles lors de la conception. Plus que tout autre, l’hôpital est un domaine en évolution continuelle. Pour répondre à ces changements, sont exigées des modifications de distribution ou d’affectation, des transformations plus ou moins importantes touchant soit l’organisation interne, soit l’enveloppe construite elle-même.
Toute tentative de définition de l’adaptabilité renvoie à un essai de résolution des contractions inévitables du bâtiment. La construction, même évolutive, modulable, conserve une rigidité physique difficilement conciliable avec l’évolution fonctionnelle et technique de l’hôpital. Il faut pourtant admettre et concevoir un hôpital qui sera peut être dans quelques années essentiellement constitué d’un plateau technique et d’un important secteur ambulatoire, la partie hébergement étant restreinte aux soins critiques seuls.
Ces évolutions imposent aux maîtres d’ouvrages et architectes un changement de paradigme dans la conception hospitalière.
Réussir cette révolution dans la conception architecturale de l’hôpital s’inscrit également dans un cadre économique contraint où le poids de l’investissement dans les budgets futurs fait l’objet d’une attention particulière des autorités de tutelle.
Christiane COUDRIER
Directeur général du CHU de Nantes
Présidente de la commission « architecture et ingénierie » organisée par la conférence des directeurs généraux de CHU