Introduction à la Neuro-architecture : principes conceptuels et développements applicatifs

Le récit de la neuro-architecture remonte à l’expérience vécue par le chercheur américain Jonas Salk lorsqu’il se rendit à Assise en Italie. Dès son retour, il trouva le vaccin contre la poliomyélite. Convaincu que sa découverte était liée à cette expérience de rupture spatio-temporelle, il contacta Louis Kahn, éminent architecte, pour réaliser le Salt Lake Institute à la Jolla en 1960. La conception de ce laboratoire révolutionna le monde de la recherche en proposant des lieux innovants propices à l’échange et à la réflexion. Cet élan fut ensuite repris par Fred Gage, chercheur sur le cerveau et professeur de génétique à l’institut Salk qui, motivé par la découverte qu’un cerveau adulte produit des cellules nerveuses tout au long de la vie, s’est intéressé à l’influence de l’environnement sur son développement et son comportement.

Depuis 2003, le terme a été repris et développé par l’Academy of Neuroscience For Architecture ANFA1. Il relie les neurosciences et l’architecture dans l’objectif de comprendre ce qui structure et modifie notre cerveau, nos émotions, notre capacité à apprendre, à nous orienter, à travailler et à vivre dans un espace construit par l’homme pour l’homme. En 2009, dans son blog, le Dr Shock, Directeur de la formation médicale à l’Erasmus MC, Rotterdam aux Pays-Bas, commente les travaux de l’ANFA et évoque le fait de pouvoir relier ces connaissances aux neurosciences, qui nous permettraient de savoir comment la conception des salles de classe peut soutenir les activités cognitives des étudiants, comment la conception des chambres d’hôpital peut améliorer le rétablissement des patients, et comment la conception des bureaux et des laboratoires peut faciliter les activités interdisciplinaires des neuroscientifiques, et ainsi de suite. Pour comprendre comment l’Homme est influencé par son environnement, il faut donc partir de la compréhension de la manière dont il le perçoit, l’expérimente et l’habite.

Convaincus par l’intérêt que représente cette approche, nous ouvrons la réflexion pour enrichir nos connaissances respectives sur l’influence des espaces construits sur nos comportements et mouvements afin d’améliorer leur conception. Plus précisément, nous souhaitons mettre en relation neuro-architecture et neuro-réhabilitation, afin d’agir au cœur de ce processus complexe de récupération et d’amélioration de l’état d’une personne atteinte par une lésion ou une maladie neurologique, afin de minimiser ou compenser les altérations fonctionnelles qui en résultent et faciliter son retour à une autonomie optimale.

Les pistes de recherche pourraient se résumer en trois questions :
• Quelles sont les parties cérébrales impliquées dans l’interaction avec le cadre bâti ?
• Comment l’architecture peut influencer favorablement le neurodéveloppement ?
• En quoi les neurosciences peuvent-elles faire progresser la conception-réalisation des lieux de vie et de soins ?

Éléments de compréhension avec Emmanuelle Ladet – Architecte SOHO Atlas In Fine, Daniel Ejnes – Médecine Physique et de Réadaptation, Président NEURON REHAB et Claude Brugiere – Architecte SOHO Atlas In Fine

Publié dans le Actualités, Architecture Hospitalière n°43 – Printemps 2022, Compétences, Regard d'expert. Avec ce permalien.