Lors des deux précédentes éditions des Journées de l’Architecture en Santé, nous avons au travers de vos témoignages, entendu, perçu une somme d’actions circonstanciées, faisant écho à la dramaturgie de la situation lié à la crise sanitaire. Nous avons affiché parallèlement une détermination potentielle afin de faire face, autant que faire se peut, à l’inattendu et à l’imprévisible ; ce qui en soit, consiste en une véritable interrogation quant à notre modèle de développement. Nous avons en cet instant-là, réappris que la vie reste une errance dans un univers d’incertitude, alors que jusqu’alors le progrès incessant nous promettait l’Éden. Nous avons, temporairement et circonstanciellement, par notre réactivité collective et un retour précipité au collaboratif, contenu ainsi la pandémie et simultanément ouvert nos interrogations. Mais à quel prix ! Épuisement émotionnel, déshumanisation de la relation à l’autre, perte de sens et de l’accomplissement de soi au travail, etc. Toutefois, à l’aune des JAS 2022, cessons de croire ainsi en la pérennité du temps présent, en la continuité des lendemains et surtout à la prévisibilité d’un futur enchanté. Notre monde change, vertigineusement, et nous en sommes à la fois les acteurs et les témoins sidérés. Aussi, nous avons l’impérative nécessité de nous stimuler, de nous activer afin d’imprimer un autre récit collectif, comme à nous préparer à d’autres inattendus.
Dans mes précédentes interventions, j’ai fait état que les progrès scientifiques, techniques, détournés au profit d’une économie débridée, où la « gagne » la plus triviale prévaut sur tout le reste, prédominent et finissent par mettre à mal notre modèle sociétal et augurent ainsi une crise civilisationnelle. Rabelais disait : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». En sommes-nous là ? Certes, la question se pose, mais à l’UAFS, nous abordons sans tabou ce sujet, comme les JAS 2021 l’ont laissé entrevoir. Encore et encore, privilégions l’échange, le collaboratif et la singularité de l’altérité.
Nous persistons à nous informer, à nous instruire, à confronter nos pratiques, nos connaissances, mais aussi à œuvrer afin que nos savoirs respectifs échappent à leur enfermement disciplinaire et/ou institutionnel bien clos, organisés en silos, alors que le numérique et l’intelligence artificielle accélérés par la science quantique, requalifient au quotidien les périmètres des territoires de la connaissance. En effet, l’essor des données massives et des technologies de l’information décloisonnent et contribuent à accélérer les progrès scientifiques.
Ces recherches esquissent ainsi une médecine prédictive, personnalisée tout autant que l’avènement des maladies complexes et ainsi aident à élaborer des traitements ciblés adaptés. L’architecture en Santé en sera de fait un témoin d’évidence et ne doutons point que les typologies hospitalières évolueront elles aussi. La question est : comment et à quel rythme ? Ne perdons pas de vue, aussi, que cet emballement technologique ne conduise pas à la dévastation planétaire de la nature, de notre écosystème et du vivant, comme de l’éthique et de la bienveillance.
À Menton, du 17 au 19 Octobre 2022, nous aurons à cœur par notre esprit critique, bâti sur le doute et le factuel, de témoigner que l’architecture en santé se doit d’être une messagère ailée. Ainsi, je tiens à apporter tout mon soutien aux acteurs agissant au sein de l’UAFS ; votre énergie nous est vitale. Est-il utile que je vous engage à persister ?
Gérard Huet
Président de l’UAFS