Retour sur les Salons Santé Autonomie et le Village des Architectes de 2015
En 2015, les Salons Santé Autonomie ont permis à la rédaction d’Architecture Hospitalière de réunir plus de 20 agences d’architecture parmi les plus expérimentées dans le domaine de la conception et de la construction de l’architecture hospitalière et médico-sociale. Pour sa 2ème édition, le Village des Architectes a, en effet, disposé d’un espace plus vaste afin d’accueillir un nombre de participants, de visiteurs et de conférenciers plus important.
Lors de la première journée de ces salons, le 20 mai, le village a été inauguré par Marisol Touraine, Ministre de la Santé, et Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France. A travers notamment l’exposition de maquettes et de photos, David Entibi, directeur de publication de la revue, a présenté à la Ministre les esquisses et les réflexions de ce qui devrait préfigurer l’hôpital de demain.
Durant les trois jours, les 22 agences d’architecture présentes Porte de Versailles ont également donné des conférences sur les projets les plus emblématiques de l’évolution du parc hospitalier français. L’opération a rencontré un véritable succès et de nombreux professionnels sont venus assister aux différentes conférences et débattre avec les architectes autour de leur vision et des grands défis que représente l’hôpital du futur.
L’architecture est considérée par certains comme un art, pour d’autres, simplement comme une technique. Georg Whilelm Friedrich Hegel se trompait-il en limitant l’Architecture à un art visuel ?
Je pense, comme beaucoup de mes confrères, que la définition est beaucoup plus complexe. Certes la fonction même de l’architecte est de construire un abri pour une occupation de l’homme ou pour son gîte : habiter, travailler, étudier, se soigner, reposer en paix…
Mais, l’architecture c’est aussi l’acte de respecter notre mère porteuse : la Terre. C’est aussi le travail de l’espace qui va développer les sens, c’est aussi la construction d’un abri pour se ressourcer ainsi qu’un acte culturel issu d’une histoire. Très rapidement le savoir-faire du constructeur a été l’enjeu du pouvoir temporel ou militaire. Puis les fonctions hospitalières, lieu d’accueil et de repos, lieu de ressourcement et de soin se sont fait jour en même temps que l’expression de la notion de solidarité traduite à l’époque par la charité.
Hospitalité
L’humain malade a besoin, pour retrouver ses forces, d’un lieu spécifique, d’un lieu où son alter égo médecin peut s’occuper de lui et le soigner dans un espace idoine. Ce lieu s’est appelé à bon escient hôpital. Le terme d’hospitalité dominera la notion de soin. La médecine exercera donc son talent dans un lieu d’hospitalité. Talent, fruit d’une très grande connaissance empirique dans un premier temps, puis de recherches scientifiques.
Très rapidement la France, au croisement des cultures et des savoir-faire, a développé une extraordinaire propension à soigner l’autre jusqu’à devenir l’un des pays les plus avancé dans son offre médicale et hospitalière.
De l’Hôtel Dieu à l’hôpital de demain, de la charité aux rapports humains.
Lyonnais d’origine (donc « Claude Bernardisé »), biberonné à la culture Rabelaisienne, lorsque l’Union internationale des architectes (UIA) désirait un représentant français au groupe travail sur la santé, j’ai proposé en temps que président du CIAF* de confier cette tâche à l’un des meilleurs spécialiste de l’architecture hospitalière en France, à savoir Thomas Schinko qui venait de succéder à Claude Vasconi.
Nous avions besoin de lui pour catalyser le savoir-faire dispersé français. La dernière réunion au siège de la FHF (Fédération Hospitalière de France) a conforté notre point de vue car les plus grands noms de l’architecture hospitalière étaient présents.
Ensemble.
Aujourd’hui, nous espérons développer un partenariat solide et puissant avec la FHF car nos objectifs sont les mêmes : exporter notre savoir-faire et nos compétences à travers le monde en croissance. Les meilleurs concepteurs, les meilleurs constructeurs, les meilleurs industriels et les meilleurs gestionnaires d’hôpitaux partent ensemble à la conquête de nouveaux marchés. A l’instar d’autres pays occidentaux nous devons coordonner nos efforts et partir groupés à la recherche de nouvelles opportunités.
Nous savons construire l’hôpital de demain, accueillant et technique, ergonome et sain. Il nous reste à le faire savoir.
Les exemples que vous allez découvrir dans ce numéro d’Architecture Hospitalière le démontrent, que ce soit l’hôpital de Beyrouth par Sud Architecte ou l’IHU de Strasbourg par Schweitzer & Associés Architectes. Nous savons aussi prendre en charge la déficience d’autonomie dans de nouveaux établissements pour personnes âgées dépendantes ou pour tous types de prise en charges de déficiences sensorielles ou physiques, à l’image de l’EHPAD de Saint Ambroix de CBXS (Catherine Blaise et Xavier Sulmont)…
Respect
Enfin nos réflexions et savoir-faire en matière hospitalière et de l’autonomie sont toujours sous-tendus par notre propension à penser des projets durables car tant que la terre était vaste et peu peuplée, le rôle des constructeurs avait bien peu d’effets sur la nature, mais aujourd’hui, la terre, notre terre, est compressée, pressurée, dévitalisée par l’homme. Heureusement cet homme maudit prend enfin conscience des enjeux environnementaux de son action.
L’acte de construire engage 25% des consommations d’énergie, 50% des consommations de matières premières et engendre certainement plus de 30% des gaz à effet de serre. Notre rôle de constructeur est de limiter ces abus et, voire même, les faire régresser dans des proportions conséquentes. L’ambition de notre projet est donc de soigner notre prochain en lui offrant un espace sain, ergonome et accueillant, mais nous avons aussi, bien sûr, l’ambition de soigner notre Terre (mère porteuse) en la respectant tout en respectant les cultures hospitalières locales.
Frédéric Ragot
Architecte DPLG
Conseiller International UIA