L’innovation organisationnelle : la clef de l’hôpital de demain.
Aujourd’hui plus personne ne doute que la chirurgie ambulatoire est une innovation. Mais de quelle innovation s’agit-il ? Une innovation technologique ? Nous sommes impactés depuis toujours par les innovations technologiques. Elles sont devenues des impératifs. Elles concernent l’application à la médecine et à la chirurgie de toutes les recherches fondamentales sur un foisonnement de thématiques. L’imagerie, les médicaments, les matériaux en tous genres… En effet, depuis les années quatre vingt, tout le réseau hospitalier s’est approprié, séparément, ces avancées technologiques soumises, pour certaines d’entre elles, à des autorisations attribuées sans une logique claire, dans un modèle d’environnement unique et immuable, pour des comportements individualistes et conservateurs.
Elles entrent, pour la plupart, dans la catégorie des innovations cumulatives ou incrémentales constituant des couches successives de choix qui deviennent, à terme, particulièrement coûteuses si elles ne sont pas régulées par une organisation nouvelle. L’architecture s’est adaptée, parfois « in petto », pour intégrer ces innovations, autant dans les restructurations que dans des bâtiments neufs souvent conçus spécifiquement, tout en conservant, à la demande du donneur d’ordres, un mode d’organisation d’une époque révolue.
Or, nous savons depuis les travaux contemporains qu’une innovation technologique ne joue qu’un rôle d’induction. Elle doit forcément, pour avoir de l’ampleur et se justifier économiquement, se doter d’une innovation organisationnelle comme support. Ces deux types d’innovation s’influencent mutuellement. Elles ont des liens de réciprocité. En se coproduisant, en quelque sorte, elles améliorent leur processus de diffusion tout en rétroagissant sur les obsolescences. C’est tout l’enjeu des structures hospitalières de demain. La diffusion d’une innovation n’est plus raisonnable à organisation constante.
A ce jour, de quelle innovation organisationnelle radicale dispose-t-on dans le secteur hospitalier ?
La plus significative est la chirurgie ambulatoire. Cette innovation, qui s’inspire depuis plus de trente ans dans l’histoire des théories de l’organisation, doit perpétuellement évoluer pour absorber et faire progresser socialement et surtout économiquement les innovations technologiques. Certes, nous constatons en France un décollage. Mais nous nous maintenons toujours à un trop faible niveau de vol, alors que la plupart des pays de l’OCDE ont atteint des sommets. Nous savons que la substitution du potentiel ambulatoire depuis l’hospitalisation traditionnelle se traduirait par la suppression de plus de 40 000 lits et produirait une économie annuelle de plus de 4 milliards d’euros tout en assurant, au plus grand nombre, une prise en charge constamment actualisée dans des délais et un confort acceptables. Nous avons constaté qu’il fallait vingt ans pour qu’une innovation organisationnelle se diffuse pleinement.
Nous y sommes.
Guy Bazin
Fondateur et ancien président de l’AFCA
(Association Française de Chirurgie Ambulatoire)